1 octobre 2012

sans distance

[L’incandescence danse sur le bout de mes cils.
Retour au silence créateur.
L’instant est inattentif
Et se défait doucement sous ma langue.
La pensée n’est que vent quand on traverse les portes triangulaires.]

Ne plus te revoir.
Ou alors vivre dehors,
Sans vue ni parole
Dans un désert nu et tiède
Au gout de lait étoilé.
Sans peur et sans lâcheté.
Je suis la peau du rêve,
Étendue sur les plages de ton souvenir,
Le royaume sans symétrie.

ff
Je
Veux
Te
Revoir
Te regarder longuement dans l’obscurité bleuâtre de l’oubli.
Ton corps n’est plus qu’une pellicule passée au mixeur,
Fermentée dans mon souvenir et dans les labyrinthes du rêve.
 Je veux devenir aveugle et sourde
Et rafraichir ma mémoire, ma peau contre la tienne,
Suspendues dans le silence fertile où l’âme voyage vers elle-même.
Laisse-moi entendre les échos de ma voix dans tes coquillages secrets,
Me perdre dans la tendresse irrévocable qui me suspend dans le vide,
Comme un pont suspendu sur l’abime aquatique qui me sépare de toi.
Ces murs sont muets, ces draps ne te connaissent pas.
De mes oreilles s’évaporent les mots qui ont migré de ta bouche,
Vaporeux et flottants, glissant dans des tunnels curvilignes
Qui se jettent dans ma poitrine absente, si éloignée de toi.
L’invocation est en vain,
Les placards du sentiment attendent impassibles dans le lointain
Où mes mains ne peuvent pas ouvrir leurs portes,
Où mes doigts ne peuvent pas toucher ta peau.
Tu deviens un vieux port de nostalgie,
Parfumé de reflets cuivrés et d’aubes tièdes.
Pas une seule bouche ne me parle de toi
Et je n’imagine pas leurs paroles non plus.
Je danse dans un exil austère.
Des vers entiers m’échappent et se submergent dans l’oubli,
Dans la sécheresse du désert glacé qu’est devenu mon corps.
Je te garde, tu remues, tu es vivant en moi
Sous des plafonds verts qui murmurent tes chants.

Et puis il y a un balcon, d’où je regarde.

Dans le gouffre de ton regard résonnent sans distance les échos gutturaux de…