3 juillet 2014

Cropettes bis

Errante, inattentive,
mes pas retrouvent une trace gluante
sur ton chemin
et je me réjouis de ces miettes invisibles,
imaginaires,
que je suis et que je garde comme des souvenirs de demain
au creux de ma paume moite.

Je me retrouve à attendre la faim
parce que je t'y retrouve,
jaunâtre et docile
comme le premier soir,
inaltéré dans des souvenirs qui m'ont déjà échappés.

Si j'ai oublié ton arrivée,
c'est peut-être parce que
toi aussi,
tu as oublié mon départ,
mon départ statique et mendiant de mirages,
cette fuite intermittente
dans ces rues qui ne m'ont jamais appartenues.

Je suis toujours là
à attendre
le bruit de tes lèvres craquelant tendrement
sous ton sourire,
sur le bord d'un verre à moitié vide,
inertes ou mouvantes
comme un fantôme sur le lac,
à attendre ce regard noirci par l'aube
qui nous fouette en plein visage,
à attendre tout et rien et encore
et ta main suante dans la mienne.

Je suis là sur ce banc où je rêve et j'attends
la fin de la fuite à contrecœur.